D'un côté une cuisine avec table, de l'autre une sorte de cave avec piano. L'une des filles décide qu'elle est Catherine Deneuve. La seconde se substitue à sa mères se découpe en morceaux et se prends pour une chanteuse de variétés françaises. La mère rate son dernier gâteau et le fils ne parle que pour corriger les fautes de français des autres. Plus loin, plane le fantôme lamentable du père... De chansonnettes en affrontements, chacun vit sa folie pour finir entre un cake au citron, un couteau de cuisine et un revolver.
Commentaire :
J'ai joué cette pièce au théâtre l'année dernière, sans quoi je ne l'aurais jamais lu.
Le comique : je n'avais jamais entendu parlé de Catherine Deneuve, cette "grande artiste française ayant joué dans des classiques tels que Les Demoiselles de Rochefort, Les Parapluie de Cherbourg, Peau d'Âne etc..."
Des personnages tous fous, enfermés dans leur souffrance et qui utilise leur folie comme exutoire, même si elle est également leur prison. On voit une évolution au cours de la pièce : au début, la folie n'est que secondaire, même si les problèmes de dysfonctionnalité familiale et de souffrance psychologique (mon dieu, ils ont tous besoin d'une bonne thérapie !) sont bel et bien présent.
Geneviève est la benjamine de la famille. Elle se sent abandonnée par tout le monde, elle a l'impression de ne pas être entendue par sa mère. Donc, elle devient Catherine Deneuve. Après tout, on ignore pas Catherine Deneuve. On la voit, on l'admire. Elle finit par s'enfermer dans une projection d'image de papier glacé, une référence ambulante à tout les films de Catherine Deneuve (Place Vendôme, Cherbourg et Rochefort, Peau d'Âne, Tristana, et d'autres que je n'ai pas reconnu).
Marie se sent coupable. Elle se sent responsable d'un événement terrible. Donc elle s'enferme dans son Cabaret et chante devant un public imaginaire. Elle revit l'histoire de sa mère et s'occupe de cette dernière comme si Marie était la mère de sa propre mère... TOut en subtilisant les couteaux de cuisine pour s'auto-mutiler.
La mère représente le début de la souffrance de chacun de ses enfants, les accablant de reproches et les aimant de manière tordues. La mère est mélancolique de son passé de chanteuse renommée, elle qui n'est désormais qu'une femme au foyer abandonné par son mari qui a disparu et son fils que l'ignore...
Le fils a déménagé (il n'est présent qu'à la fin de la pièce). Il ne parle jamais, et selon sa mère fait tout de travers. Il s'enferme dans un silence, agit comme s'il n'était pas là, joue sans relâche avec son revolver. Ses répliques n'ont pour but que de corriger les fautes de français des autres.
Le dénouement fatal de la pièce se résume, comme les souffrances et les illusions des autres, en une chanson.
Une pièce de dingue, mais quelque part, une belle histoire.